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Des news depuis Kerguelen

15 décembre 2016
Carte kerguelen[1] bd

Approche de kerguelen[1] bdC’était il y a 9 jours, un mois pile après le départ du Vendée Globe. En plein océan Indien, par 44° Sud au Nord des îles Crozet, Bastide Otio et son skipper Kito de Pavant naviguaient à 16 nœuds, en 10e position, lorsqu’un OFNI* leur barre la route. Le choc violent stoppe le bateau, provoque une grave avarie de quille et une importante voie d’eau. Les dommages sont irréversibles et l’eau monte inéluctablement. La situation à bord est sans issue pour Kito dont la sécurité devient la priorité. La Direction de Course du Vendée Globe organise les secours. Par chance, le Marion Dufresne, navire en charge du ravitaillement des Terres Australes et Antarctiques Françaises, est en route pour l’archipel de Crozet à 110 milles nautiques au Nord de Bastide Otio. 9h plus tard, le Marion Dufresne arrive sur zone ; mais il faudra attendre 7 heures de plus et le lever du jour pour que l’opération de sauvetage soit lancée. Kito est depuis à bord du Marion Dufresne et participe à la tournée des îles du navire, en attendant un retour à la Réunion prévu pour le 30 décembre. Pour le plaisir de tous ceux qui avaient pris l’habitude de lire son carnet de bord quotidien sur le Vendée Globe, Kito continue d’écrire, du bord du Marion Dufresne…

 

Bonjour à tous,

L’archipel de Kerguelen a tout de l'île parfaite. Quand on admire la carte de ce vaste territoire, grand comme la Corse, carte dessinée à la main par les explorateurs des siècles derniers, on y découvre des baies abritées, portant des noms connus des côtes bretonnes et méditerranéennes. Des îles par centaines, des recoins inexplorés.

Parfaite ? Sauf sans doute sa position géographique, un peu trop Sud à mon goût. La température moyenne est de 5°C. Ici, pas un arbre. La base de Port aux Français a été curieusement bâtie sur une côte peu abritée des tempêtes de vent d’Ouest, sous prétexte de la future construction d'une piste d'atterrissage, que tout le monde attend encore...

L’île est belle, les montagnes encore enneigées malgré l'approche de l'été et les oiseaux omniprésents, comme les manchots, les orques, les baleines ou les curieux gorfous macaroni...

Le Marion Dufresne a été déserté par ses occupants, pressés d'aller voir de plus près cette faune et flore si particulière.

 

Quant à moi, j'ai préféré rester à bord car les nouvelles de Bastide Otio ne sont pas bonnes.

L'espoir était pourtant grandissant de pouvoir organiser une expédition depuis l'île de Kerguelen, grâce à l'appui des TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises) et des quelques bateaux de pêche présents sur zone.

Seulement voilà, les 2 balises,  qui nous permettaient de suivre précisément la dérive du bateau dans le Nord de l'archipel, ont cessé d'émettre depuis plus de 36h.

Il est donc probable que le bateau ait fini par perdre sa quille et chavirer ou couler. Les balises sont donc sous l'eau et ne donneront plus jamais la position du bateau

A ce stade, je n'ai plus aucun espoir de retrouver le bateau...

La seule petite consolation est que j'ai sans doute bien fait de quitter le bord pour celui du Marion Dufresne.

Il ne nous reste donc qu'une chose à faire, reconstruire l'histoire en cours.... 

Kito

depuis le Marion Dufresne au mouillage à Kerguelen

 

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Depuis que les balises de Bastide Otio n’émettent plus, Kito de Pavant et son équipe Made in Midi n’ont plus aucun moyen de localiser le bateau. Dans ces conditions, l’organisation d’une opération de sauvetage n’est plus envisageable.

Les partenaires majeurs de Kito, Jean-Pierre Ferraud, Président de Groupe HBF à travers sa marque Otio, et Vincent Bastide, Directeur Général de Bastide Médical, restent très solidaires du skipper méditerranéen. Ensemble, ils trouveront les solutions pour que l’histoire commencée en 2014 continue, avec la Transat Jacques Vabre en ligne de mire pour la saison 2017.

" D’innombrables messages de soutien sont parvenus à Kito et à toute l'équipe. Nous remercions toutes ces personnes pour leurs attentions bienveillantes. Ces messages apportent beaucoup d’énergie positive et de motivation pour la suite de l’histoire.

Merci aussi pour vos propositions d’aide y compris financière. Nous avons longuement travaillé sur le montage de ce projet et nous en avons toujours mesuré les risques à tous les niveaux. L’arrêt de la course et la perte du bateau sont des coups durs à supporter, pour toute l’énergie et l’affectif dont est chargé ce type de projet, mais nous restons soutenus par nos partenaires, et nous sommes en mesure d’en assumer les conséquences et de trouver des solutions pour continuer l’aventure dès 2017. "

Le team Made in Midi

 

* Objet flottant non identifié

 

 

En route pour l’archipel de Kerguelen

11 décembre 2016
Ile de l'Est à Crozet[1]

Finie la barbe[1]

Kito de Pavant depuis le Marion Dufresne à la vacation ce dimanche matin :

« Je suis sur la passerelle du Marion Dufresne, je profite du spectacle qui est assez incroyable. Nous sommes en route pour l'archipel des Kerguelen. Il y a 40 nœuds de vent et de la mer formée. Les Albatros tournent autour de nous. Cela permet d'oublier un peu mes malheurs.

On essaye de suivre la progression de Bastide Otio qui est plus au Nord et se dirige vers l’Est à petite vitesse. Il avance doucement mais surement vers le Nord des Kerguelen. Nous envisageons différentes solutions pour essayer de récupérer le bateau mais on sait que c’est très hypothétique. On continue à chercher des solutions pour que l’histoire se termine bien.

J'avais tout fait pour que Bastide Otio dérive vers le Nord-Est, mais avec le vent il fait de l'Est. Les probabilités pour qu’il arrive en Australie en bon état sont faibles. Les opportunités pour le récupérer sont peu nombreuses et la meilleure des solutions se situerait peut-être au niveau des Kerguelen. Il faut se fier aux moyens qui existent sur place et ils ne sont pas nombreux. Mais cela laisse une lueur d’espoir de récupérer Bastide Otio, de le sauver et de le mettre à l'abri en attendant des jours meilleurs.

Psychologiquement c'est compliqué, je n'avais pas envisagé une telle issue. Je me suis retrouvé dans la pire des situations en devant abandonner le bateau. C’était vraiment trop dangereux pour moi et éventuellement ceux qui auraient été amenés à me secourir donc il n’y avait pas le choix, il fallait quitter le bateau. On est dans des endroits très inhospitaliers où les secours n’existent pas. C’est le jeu, on sait quand on part des Sables d’Olonne pour le Vendée Globe que ces risques existent, j’assume totalement mais c’est vrai que c’est compliqué de tout laisser là. 

J’ai la chance d’avoir des partenaires qui me soutiennent et assurent qu’on va continuer une belle histoire ensemble l’année prochaine. L’équipage CMA CGM du Marion Dufresne est aux petits soins avec moi. Il faut arriver à positiver, je me reconstruis petit à petit.

J'ai eu des centaines de milliers de messages venant de toute part. Cela fait chaud au cœur, ils sont tous plus beaux les uns que les autres, c’est très touchant. Il y a un vrai élan de solidarité, ça me donne la force pour trouver des solutions. »

Des nouvelles de Kito du bord du Marion Dufresne

9 décembre 2016

Bonjour à tous

Enfin un temps de saison, ici, à Crozet où le Marion Dufresne fait une petite étape de 3 jours : pluie, vent fort, froid, visibilité quasi nulle !!! 

Je me remets petit à petit de mes mésaventures, du moins, j'essaye. Je dors et tente d'enrayer ma dette de sommeil. Je me suis pesé et pu constater que j'avais perdu 8 kg depuis mon départ des Sables. Mais il est bien difficile pour moi de positiver, mon état psychologique n'étant pas encore tout à fait satisfaisant. Pourtant l'équipage CMA CGM du Marion Dufresne (47 personnes) ainsi que les passagers (65 + 1 clandestin...) sont tous aux petits soins et les cuistots du bord se sont engagés à me faire reprendre mon poids initial avant que je débarque, le 30 décembre... 

Hier, grâce à l'hélico du bord qui fait la navette toute la journée pour transporter passagers et matériel, j'ai eu l'honneur de débarquer sur l'île de la Possession, à Port Alfred et de marcher sur la terre ferme. Cela faisait plus d'un mois que cela ne m'était pas arrivé et j'avoue avoir été la risée des manchots pour ma conduite ressemblant fortement à celle de quelqu'un en état d'ébriété...

Des manchots, c'est pas ce qui manque sur l'île, 44 000 au dernier recensement, sans compter les petits...

Ils se rassemblent là par milliers pendant cette période de reproduction, au milieu de centaines d'éléphants de mer, drôle de bestiaux placides. Ce sont de redoutables nageurs capables de traverser les océans et de formidables plongeurs pouvant descendre à 2000m de profondeur... Les albatros ici sont au repos ou en phase de reproduction, eux aussi.

J'ai vu un cachalot sonder à quelques mètres seulement des hélices du Marion Dufresne alors que j’étais le pont.

Les manchots royaux sont donc la principale, et vraisemblablement la seule, distraction de Crozet. Sauf depuis 2 jours où un clandestin a posé ses bottes sur le Marion Dufresne en devenant le sujet de conversation le plus apprécié de la petite communauté qui l'occupe !!!

La base est occupée toute l'année par quelques dizaines de personnes (capacité max 46 personnes) qui sont pour la plupart, des militaires, techniciens ou scientifiques. Je les rencontre et discute avec eux.

D'autres attendent d'être débarqués à Kerguelen pour équiper quelques éléphants de mer de balises Argos, au préalable récupérées des missions précédentes.

Le Marion Dufresne est particulièrement bien adapté aux besoins des nombreux scientifiques venus des 4 coins du monde étudier cette région du globe, si bien préservée des dégradations liées à la présence humaine.

La vie sur la base doit être particulière, en autonomie totale, notamment pendant l'hiver austral. Il doit falloir des ressources morales consistantes pour ne pas péter les plombs de temps en temps.

Nous devrions quitter Crozet samedi soir en direction de l'archipel des Kerguelen que nous atteindrions mardi matin...

Je profite de ce message pour remercier les nombreuses personnes qui ont témoigné leur soutien et leur amitié.

Et pour finir, je reprends le fil de ma playlist Vendée Globe 2016 qui, vous vous en doutez, sera gorgée de Blues :

  • My My Hey Hey / Neil Young
  • keep on Running /Gabriel Garzon- Montano
  • Pétals/ Bibio
  • Paradis Perdus / Christine & the Queen
  • Help is Coming  / Ayo
  • Keep Your Head Up / Ben Howard
  • Manu Chao / Clandestino
  • You're  Gonna look Good in Blues

 

Kito
A bord du Marion Dufresne, Crozet

 

NB, désolé pas de photo, j'ai un appareil mais pas de piles...

Retour sur le sauvetage de Kito de Pavant par le Marion Dufresne

7 décembre 2016
Commandant DUDOUIT et Kito de Pavant Copyright Anne Recoulez TAAF

Commandant DUDOUIT et Kito de Pavant Copyright Anne Recoulez TAAFKito de Pavant a été secouru cette nuit, vers 2h (heure de Paris). Le jour se levait sur zone, au Nord des îles Crozet par 44° Sud. Le vent soufflait fort et la mer était agitée. Kito va bien mais il est extrêmement déçu et fatigué. Le Marion Dufresne, navire en charge du ravitaillement des Terres Australes et Antarctiques Françaises, était arrivé sur zone vers 17h30 (heure de Paris) hier, mais la nuit tombait. Il est donc resté à proximité de Bastide Otio pendant que Kito patientait à l’intérieur en attendant de meilleures conditions pour le sauvetage.

Retour sur l’opération de sauvetage de Kito de Pavant, victime d’une grave avarie à bord de Bastide Otio dans les mers australes, accomplie avec succès par l’équipage CMA CGM du Marion Dufresne. 

Ce mercredi matin, le Marion Dufresne et son équipage CMA CGM ont accompli avec succès l’opération de sauvetage de Kito de Pavant. Le skipper, en lice pour le Vendée Globe, a été victime d’une grave avarie le mardi 6 décembre, alors qu’il naviguait dans le Nord des îles Crozet, au Sud de l’Afrique du Sud.

La réactivité et le savoir-faire de l’équipage CMA CGM du Marion Dufresne, mené par le Commandant Thierry Dudouit, ont permis le succès de cette opération de sauvetage.

Prévenu hier matin, l’équipage CMA CGM du Marion Dufresne avait alors immédiatement modifié sa route afin de porter secours au skipper dans les plus brefs délais. Le navire a alors parcouru à pleine vitesse les 120 nautiques qui le séparaient du voilier endommagé, et est arrivé sur place 6 heures plus tard, malgré des conditions météo difficiles, un vent de force 8 à 9 et des vagues de 8 mètres.

Arrivé sur les lieux à la nuit tombante, le Commandant Dudouit et Kito de Pavant ont pris la décision d’attendre le lever du soleil avant de lancer l’opération de sauvetage, pour des raisons de sécurité. Pendant tout ce temps, le navire est resté à proche distance de l’embarcation, et l’équipage CMA CGM du Marion Dufresne a gardé un contact téléphonique permanent avec le skipper, et se tenait prêt à intervenir si ce dernier devait quitter son voilier précipitamment.

 A 4 heures du matin (heure locale), le zodiac du Marion Dufresne a été mis à l’eau, avec à son bord trois marins, et a entamé son approche du voilier endommagé, le Bastide Otio. Malgré la houle toujours forte, le zodiac s’est positionné de manière optimale, et Kito de Pavant a pu y embarquer.

Le skipper a ensuite été ramené à bord du Marion Dufresne. Chargé d’émotion, il a remercié chaleureusement l’ensemble de l’équipage, et a immédiatement été reçu par le médecin à bord.

Kito de Pavant restera à bord du Marion Dufresne le temps de sa tournée de ravitaillement des Îles Crozet, Kerguelen et Amsterdam. Il débarquera sur l’Île de la Réunion le 30 décembre prochain.

Depuis 1995, CMA CGM est l’armateur du Marion Dufresne, navire ravitailleur des terres australes françaises et plus grand navire océanique français, propriété des TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises).

 Kito de Pavant, ce midi lors du Vendée Live

« Je suis à bord du Marion Dufresne. J’en profite pour féliciter l’équipage de ce navire. Ils ont été super ce matin, ils ont mis un bateau à l’eau dans des conditions qui n’étaient pas faciles.

Ça n’a pas été une partie de plaisir de quitter Bastide Otio. Il est très très endommagé au niveau de sa quille. L’eau commençait à monter sérieusement dans la partie centrale du bateau, il y avait tout qui flottait. Je n’arrivais plus à contenir la voie d’eau qui était vraiment importante. Il était temps d’évacuer le navire. C’est triste, c’est un vrai cauchemar ce qui m’arrive. Mais le principal c’est que je sois en sécurité sur le Marion Dufresne.

Pour le bateau j’espère que ça ne va pas être un danger supplémentaire pour les autres bateaux qui arrivent derrière puisque là il est à la dérive, cap au Nord-Est. On verra combien de temps ça dure.

Je suis entre de bonnes mains. L’équipage du Marion Dufresne est aux petits soins avec moi. C’est un gros bateau, ça change. J’ai gagné au change finalement, c’est quand même beaucoup plus confortable que sur Bastide Otio ! Je vais rester quelques temps avec eux. On va apprendre à se connaître. Et on va faire la tournée des îles. On va visiter des endroits que je ne connais pas, les Terres Australes Antarctiques Françaises, donc ça va être sympa.

J’ai beaucoup de chance d’avoir eu ce bateau et cet équipage sur zone. Il faut savoir qu’il ne sont à cet endroit que 4 fois par an. C’était le bon moment pour moi parce que je ne serais pas resté très longtemps sur Bastide Otio dans cette situation qui était périlleuse. J’ai un peu de chance dans mon malheur. Les situations d’accident comme ça, malheureusement ça arrive, et il faut faire face. C’est dur pour le moral, pour le mental. C’est difficile aujourd’hui. Il y a beaucoup de sentiments qui passent. C’est compliqué. C’est la première fois que j’abandonne un bateau, que je ne le ramène pas quelque part.

La situation a été particulièrement difficile parce que je ne pouvais rien faire, ni avancer, ni reculer. La décision a été vite prise parce que le Marion Dufresne était là et qu’il n’y avait pas d’autre solution que de quitter le navire. Dans ces parages, c’est quand même les mers les plus inhospitalières de la planète. On ne peut pas se permettre de rendre les choses plus compliquées qu’elles ne le sont déjà. Je suis en sécurité, c’est une bonne chose, il faut rester positif. »

Kito de Pavant à bord du Marion Dufresne

7 décembre 2016
IMG 5402@Mme Anne RECOULES TAAF

 

IMG 5402@Mme Anne RECOULES TAAF

© Mme Anne RECOULES - TAAF

Kito de Pavant a été secouru cette nuit, vers 2h (heure de Paris). Le jour se levait sur zone, au Nord des îles Crozet par 44° Sud. Le vent soufflait à force 6-7 et la mer était agitée. Kito va bien mais il est extrêmement déçu et fatigué. Le Marion Dufresne, navire en charge du ravitaillement des Terres Australes et Antarctiques Françaises, était arrivé sur zone vers 17h30 (heure de Paris) hier, mais la nuit tombait. Il est donc resté à proximité de Bastide Otio pendant que Kito patientait à l’intérieur en attendant de meilleures conditions pour le sauvetage.

 

« On a de la chance dans notre malheur, Le Marion Dufresne était sur zone. Il n’y est pas souvent, il y est 4 fois par an ! C’est ce que j’ai appris ce matin. On a une chance incroyable d’avoir ce bateau ! En fin de nuit je n’arrivais plus à étaler les voies d’eau. Il y avait les planchers qui montaient, qui flottaient. Les conditions devenaient intenables à l’intérieur du bateau. Ça a été dur de quitter Bastide Otio, de l’abandonner au milieu de nulle-part, dans ces contrées qui sont quand même très inhospitalières. Ça fait mal au cœur mais c’était la seule solution possible. Je n’avais plus d’énergie, les batteries étaient quasiment à plat et je n’avais plus de quoi les recharger puisque le moteur était sous l’eau.

 

Le puits de quille était très endommagé. Il y a une partie du fond de coque qui est partie avec le palier arrière de la quille. Donc les dégâts étaient quand même très très importants et puis surtout, le vérin de quille qui tenait la quille un mètre plus bas déchirait la coque en latéral sur plus d’un mètre. C’était assez sinistre de voir le bateau dans cet état-là. Je crois qu’il n’y avait vraiment pas d’autre solution que d’évacuer parce que ça devenait trop dangereux pour moi. Le risque que ça s’aggrave était imminent.

 

Je suis en sécurité sur le Marion Dufresne. Il arrive de la Réunion pour faire la tournée des îles. Nous sommes en direction des îles Crozet où on va rester quelques jours puis les Kerguelen, Amsterdam… Je suis pour trois semaines sur le navire de ravitaillement des TAAF.

 

Ça a été un choc très net. C’était il y a quasiment 24h, je marchais entre 15 et 20 nœuds. Il y avait 25 à 35 nœuds sur zone. J’étais prudent, pas trop rapide, très abattu pour être en phase avec le vent. Je devais avancer à 18 nœuds quand j’ai tapé quelque chose. Quoi, je ne sais pas. J’ai entendu un gros bruit sec donc j’ai pensé à quelque chose de dur. J’ai regardé tout de suite à l’arrière du bateau mais je n’ai rien vu sortir. Peut-être que ce que j'ai entendu était le crash sur le bateau… Le choc a cassé la partie arrière de la quille et de la coque à ce niveau-là et le palier arrière est parti. Quand je suis allé voir, la quille était encore accrochée, mais après avoir enroulé la trinquette pour ralentir le bateau, la quille est descendue d'une dizaine de centimètres. Après ça n’a fait que s’aggraver au fil du temps. Je ne pouvais pas intervenir.

 

La première chose que j’ai faite c’est d’arrêter le bateau. J’ai essayé de virer de bord pour changer de cap, en me disant que la seule solution si ça tient c’est de s’écarter et remonter au Nord. Très vite je me suis aperçu que le bateau ne pouvait plus avancer. J’ai affalé la Grand Voile et appelé la direction de course très rapidement puis on a contacté le MRCC. On est tombé sur le Marion Dufresne qui était à 110 milles au Nord et qui descendait vers Crozet, donc c’était le bateau qu’il fallait. Il n’y avait pas d’autre alternative à part Louis Burton qui pouvait arriver demain matin sur zone. Mais je n’aurais plus eu d’énergie, plus grand-chose pour survivre dans le bateau. Je m’estime heureux. C’est terrible de laisser Bastide Otio là, sur place, parce qu’on perd beaucoup dans cette histoire. C’est triste. C’est la première fois que je perds un bateau, j’ai toujours ramené mes bateaux quelque part et puis là ben on va le perdre…

 

Je suis surtout marqué moralement. Physiquement ça va je n’ai rien. Je suis fatigué parce qu’il y a la tension mais c’est surtout moralement que je suis un peu à plat. C’est dur, c’est super dur… J’avais envie de sauver le bateau mais il a fallu se rendre compte qu’il fallait d’abord sauver ma peau. Bastide Otio était trop abimé pour que je puisse rester à bord. »

 

Jacques Caraës (Directeur de Course du Vendée Globe) :

« Kito, je comprends ton amertume. Nous étions vraiment très soulagés de constater ta maîtrise de la situation quand nous t'avons eu au téléphone. Cela a été un moment important de savoir que tu n'étais pas dans le stress avec une avarie aussi lourde dans cette zone désolée. Nous avons été beaucoup plus sereins grâce à toi. Merci ! On pense très fort à toi. »

Kito sain et sauf à bord du Marion Dufresne

7 décembre 2016
Bastideotio vent fort hd 11341

Kito a été secouru à 2h (heure de Paris) ce mercredi 7 décembre au large des îles Crozet dans l'océan Indien.

Voici son dernier mot du bord, envoyé une demi-heure avant de quitter son Bastide Otio :

[MESSAGE DU BORD DE BASTIDE OTIO - 07/12 /16 à 01h18]

J'abandonne le navire

Le jour se lève par ici.
Le commandant du Marion Dufresne vient de m'indiquer qu'il mettait un zodiac à l'eau.
Ils viennent me chercher dans la 1/2h qui vient.
Il est temps car je n'arrive plus à limiter la montée des eaux à l'intérieur du bateau...
Ce sera mon dernier mot du bord....

Kito
Bastide Otio

Sauvetage de Kito de Pavant prévu au lever du jour demain matin

6 décembre 2016
Quille Angulation Model (1)

Suite au choc brutal avec un OFNI survenu ce matin à bord de Bastide Otio, Kito de Pavant fait face à une avarie de quille majeure et à une voie d’eau importante au niveau du puits de quille, heureusement contenue dans le compartiment du moteur.

Kito a affalé toutes ses voiles et reste sur le qui-vive à l’intérieur de Bastide Otio qui dérive à 3 nœuds vers le Sud-Ouest, au Nord des îles Crozet. Il est en contact permanent avec la Direction de Course du Vendée Globe, à qui il a signifié son abandon, et le Marion Dufresne vient d’arriver sur zone. Il s’agit d’un navire français assurant notamment le ravitaillement des Terres Australes et Antarctiques Françaises du Sud de l’océan Indien. Il faudra cependant attendre le lever du jour (vers 1h du matin, heure de Paris) pour lancer l’opération de sauvetage dans de bonnes conditions.

Kito de Pavant fait le point sur la situation : 

« - vers 8h TU, j'ai percuté un OFNI, dur, car le choc a été très sec et brutal
- Le bateau s'est arrêté net puis a repris sa route
- les safrans n'ont rien touché et sont intacts
- un craquement au niveau de la quille m'a tout de suite alerté
- le palier arrière de la quille a subi de gros dégâts
- je roule la voile d'avant pour ralentir le bateau
- quand je retourne voir l'état de la quille, elle ne tient plus que par son palier avant. Le palier arrière a disparu avec un bon morceau de fond de coque
- puis, elle finit par glisser de son palier avant pour ne tenir quelques dizaines de centimètres plus bas que par la tige de vérin
- avarie donc très grave, impossible à réparer et potentiellement dangereuse pour ma sécurité…
- en effet, petit a petit, la tige de vérin déchire la coque vers tribord jusqu'à ce que la tige soit à la verticale
- le puits de quille lui-même est gravement endommagé occasionnant une voie d'eau, heureusement contenue dans le compartiment du moteur
- le puits de vérin est également ouvert aux abysses et l'eau menaçait de remplir les autres compartiments à l'arrière, notamment celui des batteries
- c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de changer de cap
- le bateau dérive à sec de toile vers le Sud-Ouest à 3 noeuds environ
- il y a sur zone 30 noeuds de vent et 5/6 m de creux. L'eau est à 5°C.
- la situation ne me permet pas d'envisager une autre solution que d'évacuer le bateau
- le risque de chavirage est trop important
- et surtout, je ne peux déplacer le bateau au risque de détériorer encore la situation

Vous imaginez sans doute mon désarroi, ma déception sur cette course, décidément maudite.
Je suis sincèrement navré pour toutes les personnes qui ont cru dans ce projet ; Bastide Médical, Otio-Groupe HBF, tous les partenaires Made in Midi, Elteans, Quadran et la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, tous les amis, les fans de plus en plus nombreux, la famille, l'équipe Sixteam, etc.
Je ne vous explique pas à quel point c'est dur d'imaginer qu'il va falloir que je quitte le bateau, avec toute l'énergie que cela a demandé depuis 2 ans et demi.
Mais bon, d’abord la vie, ensuite le reste... »

Vive inquiétude pour le skipper Kito de Pavant

6 décembre 2016
1 DSC 2247

A 9h00 (heure française) ce mardi matin, la Direction de Course du Vendée Globe a été alertée par l’équipe technique du navigateur Kito de Pavant qu’une avarie grave était intervenue à bord de son bateau Bastide Otio. Kito de Pavant qui naviguait à 16 noeuds sous grand-voile et deux ris dans une mer très formée, a informé son équipe à terre que le bateau avait subi un violent choc au niveau de la quille, suite à la rencontre avec un OFNI, provoquant une voie d’eau importante à bord du bateau.

Joint par téléphone, Kito de Pavant déclarait : « J'ai tapé quelque chose de dur avec la quille. Le choc a été brutal et le bateau s'est arrêté net. Le palier arrière de la quille a été arraché. La quille pend sous le bateau simplement tenue par le vérin de quille qui est en train de cisailler la coque... Le puits de quille est arraché, il y a une grosse voie d'eau à ce niveau mais contenue pour le moment au compartiment moteur. Actuellement il y a 40 nœuds de vent et 5 à 6 mètres de creux sur zone. Le bateau est arrêté. J’ai affalé la grand-voile pour que ça gîte moins. La situation est stabilisée pour le moment. Le matériel de survie est à côté de moi. Il va falloir venir me chercher. Je suis en train de contacter le Marion Dufresne pour qu’il vienne sur zone ».

La Direction de Course du Vendée Globe a immédiatement alerté les MRCC (Maritime Rescue Coordination Center) Gris Nez afin de les informer de l’avarie et d’organiser les secours. Le Cross a prévenu le Marion Dufresne qui est actuellement positionné à 110 milles nautiques dans le nord de l’endroit où se trouve Kito de Pavant dans le Nord des îles Crozet. Il devrait être sur zone dans une dizaine d’heures.

 

Plus d’information dans la journée.

 

« Une très grande émotion a envahi les équipes Otio, et plus largement le Groupe HBF, ce matin après la réception du May Day de Kito. Nos préoccupations se portent à présent sur l’organisation du sauvetage de Kito, dans les meilleurs délais et dans les conditions les plus favorables possibles.

Nos équipes restent plus que jamais solidaires envers le team Bastide Otio et saluent les 29 jours extraordinaires de course que Kito nous a fait vivre sur ce Vendée Globe 2016/2017. »

Jean-Pierre Ferraud, Président du Groupe HBF

 

« Kito a réalisé une course remarquable depuis son départ des Sables d'Olonne en réalisant une très belle performance. Malheureusement c'est un OFNI qui aura eu raison de cette grande aventure. C'est une dure loi des séries. Le groupe Bastide est solidaire de Kito dans tous ses choix de bon marin. Nous comptons sur la direction de course du Vendée Globe pour réaliser une opération de secours dans les plus brefs délais.

L'essentiel est de maintenir sa sécurité est de préserver le bateau.

Nous sommes de tout cœur avec lui. »

Vincent Bastide, Directeur Général de Bastide Médical

Le marin du Midi à l’entrée du Grand Sud

30 novembre 2016
Bastideotio bi helico gilles martin raget bastide otio 12391 BD

Kito de Pavant devrait être le 10e concurrent du Vendée Globe à passer la longitude du cap de Bonne-Espérance demain soir. Le temps se dégrade par l’Ouest et une dépression musclée devrait toucher la flotte ce weekend. Le skipper du Midi et son Imoca Bastide Otio sont prêts à affronter les mers australes…

La forme !

« Ça va bien. J’ai peut-être un peu maigri mais c’est la barbe qui fait cet effet. Les premières semaines de course on a toujours tendance à maigrir parce qu’on mange différemment. J’arrive à me nourrir normalement, je suis plutôt en forme et je dors bien. Les nuits sont courtes, j’en profite pour dormir plus la nuit et moins le jour.

C’est un rythme qui me va bien. On a sorti les polaires et les duvets parce que ça commence à cailler, même si c’est le printemps ici. Il fait 10° dehors…

J’essaye de ne pas puiser dans mes réserves, de ne pas trop m’exciter sur les manœuvres… »

Coup de vent à l’entrée des mers du Sud

« Demain je devrais passer la longitude du cap de Bonne-Espérance. Je me prépare à une semaine difficile avec un premier coup de vent. Il y a du mauvais temps qui arrive. Entre le 3 et le 5 décembre il ne fera pas bon être en mer là où je serai. On va traverser l’océan Indien à des latitudes peu recommandables. Entre 40° et 45° Sud, il fait très froid au niveau des Kerguelen, 3 ou 4 degrés. L’état de la mer est souvent impressionnant avec des montagnes d’eau derrière nous. On nous annonce entre 7 et 8 mètres de creux pour les 4 jours qui viennent et on sait que ça va aller crescendo notamment dans le Pacifique… On va tout faire pour que ça se passe bien mais on sait que ça va être difficile. On est prêt. Bastide Otio est en forme, il en a vu d’autres. »

Conditions actuelles

« Il y a entre 18 et 22 nœuds en moyenne. Je suis très abattu, vent arrière, parce qu’on a du vent d’Ouest. J’essaye de glisser au maximum. Ce ne sont pas des conditions très favorables pour aller vite mais je maintiens une moyenne correcte et proche de la route directe. Il y a toujours un peu plus de vent que ce qui est prévu par les fichiers météo. »

4 abandons, 25 bateaux encore en course

« C’est une bonne chose qu’il y ait si peu d’abandons sur la première partie en Atlantique. J’en suis ravi. Je pense que les bonnes conditions météo ont favorisé cette réussite même s’il y a toujours ce risque de collision. A part Tanguy, tous les abandons sont dus à des collisions avec des OFNI. Mais nous ne sommes qu’au début du Vendée Globe. Des abandons il va y en avoir d’autres. Il va forcément y avoir de la casse. Il faut se tenir à carreau et garder beaucoup d’humilité face aux éléments, surtout ceux qu’on va traverser à partir de cette fin de semaine. »

Tu échanges avec tes concurrents ?

« J’ai peu de contacts avec les autres. Celui avec qui je parle le plus par mail c’est Arnaud Boissières. On se connaît bien depuis une quinzaine d’années. Je lui ai d’ailleurs envoyé un mail hier après-midi pour le soutenir parce que c’est sans doute lui qui a le plus souffert dans la pétole ces derniers jours.

Je suis aussi en contact avec Alan Roura. Ça fait plaisir à voir, il a 23 ans et il fait le  Vendée Gobe. C’est une chance incroyable et il le fait avec très peu de moyens.

J’ai aussi échangé avec Tanguy, je voulais le saluer parce que c’est courageux ce qu’il a fait. »

Bricole à bord de Bastide Otio

« J’ai réparé tout ce qui était cassé. Des petits problèmes d’informatique qu’on a réglés avec Olivier Guiter il y a quelques jours. Sans informaticien, impossible à gérer ! Les voiles c’est terminé. J’ai fait quelques réparations sur les bouts. Bastide Otio va bien, je n’ai quasiment rien cassé depuis le début. J’espère que ça va continuer comme ça, c’est bien agréable de ne pas sortir la boite à outils !

Je check tout ça tous les jours. Je suis plutôt méfiant donc je regarde un peu partout.

Niveau énergie c’est nickel, les hydrogénérateurs fonctionnent à merveille. Je me suis même permis de mettre un peu de chauffage hier soir. D’abord pour vérifier que ça marche bien, c’est bon pour le moral, et ça permet de sécher un peu le bateau parce qu’il fait humide à l’intérieur… »

 

Vacation à écouter ici

Vidéo : Le Sud de Nino Ferrer ... par Kito

Le Sud de Nino Ferrer by Kito

30 novembre 2016
Kito Ferrer

Les paroles du nouveau tube du Vendée Globe 2016 : Le Sud by Kito Ferrer

 

C'est un endroit qui ressemble à l’Alaska
à l’Estonie
Il y a des polaires étendues à l’intérieur
Et ben ça pue..

On dirait le Sud
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d'un million d'années
Et toujours en Hiver

Il y a plein d’oiseaux qui survolent le sillage
Il y a des pingouins
Il y a même un fou, une tortue, des albatros
Il ne manque rien

On dirait le Sud
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d'un million d'années
Et toujours en Hiver

Un jour ou l'autre il faudra rev’nir à terre
On le sait bien
On n'aime pas ça, mais on ne sait pas quoi faire
On dit c'est le destin

Tant pis pour le Sud
C'était pourtant bien
On aurait pu vivre
Plus d'un million d'années
Et toujours en Hiver

Kito Ferrer