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BastideOtio BD IMGL1577©Robin Christol

Interview croisée à 5 jours du départ de la Transat Jacques Vabre

Publiée le : 31 octobre 2017

Il y a 5 jours, le village de la Transat Jacques Vabre ouvrait ses portes au Havre. 76 skippers étaient réunis pour lancer les 10 jours de festivités avant le grand départ dimanche prochain. Contrôles de jauge, briefings d’accueil et de sécurité, régate d’exhibition, rendez-vous médias, visites de Bastide Otio, rencontres avec le public… les sollicitations sont nombreuses pour Kito de Pavant et Yannick Bestaven. A 5 jours du départ, nous avons cherché à en savoir un peu plus sur notre duo Bastide Otio.  

Ton meilleur souvenir sur la Transat Jaques Vabre ?
Yannick :
 Mes 2 victoires en 2011 et 2015

Kito : La première avec Bel, on découvrait le bateau qui sentait encore la peinture. On a pris un super départ et on avait un wagon d’avance sur la flotte. C’était un moment incroyable parce qu’on découvrait le bateau et on réalisait que c’était un très très bon bateau même si on avait tout fait pour que ça le soit. C’était la première fois qu’on se confrontait à la concurrence avec beaucoup d’autres bateaux neufs.

Qui connaît le mieux Bastide Otio ?
Yannick :
Kito parce qu’il a une grosse expérience en IMOCA et qu’il a passé plus de temps sur le bateau que moi en Méditerranée.

Kito : Je pense que c’est moi, même si c’est son bateau, parce que je l’ai découvert en même temps que lui en avril et que j’ai passé plus de temps que lui à naviguer dessus, quasiment tous les jours depuis le début de l’été.

Ce qui est sympa avec lui à bord ?
Yannick :
C’est qu’il ne se prend pas trop la tête, qu’il est passionné par ce qu’il fait et il aime être sur l’eau. C’est un vrai navigateur, un vrai aventurier.

Kito : C’est de naviguer avec quelqu’un d’efficace et compétent, qui sait faire, sur lequel on peut compter sur la marche du bateau, les choses qu’il faut surveiller, les dangers qui nous entourent. La confiance.

On n’a pas encore eu l’occasion de partager des choses plus personnelles comme la musique mais ça va venir avec la transat.

Qu’est ce que ça t’apporte de naviguer avec lui ?
Yannick :
J’apprends tous les jours. Il a beaucoup d’expérience des gros bateaux, notamment en IMOCA. Sa façon de régler, de faire marcher le bateau, les transitions, les manœuvres, c’est intéressant.

Kito : Grace à Yannick on peut faire le programme prévu avec Bastide et Otio jusqu’au bout avec la Transat Jacques Vabre. Il se trouve que Yannick faisait partie de la short-liste des gens avec qui j’avais envie de naviguer en double. C’était la bonne occasion. Nous sommes complémentaires, il avait un bateau et nous les partenaires. Par ailleurs, Yannick a beaucoup de compétences, il a montré depuis longtemps ce qu’il sait faire sur l’eau. Et on a profité de ses talents pour avancer sur l’évolution du bateau, d’autant plus qu’il est propriétaire. Il y a eu de vrais échanges technologiques.

En solo ou en duo ?
Yannick :
Les 2 ! J’adore le solo mais j’aime beaucoup le double surtout avec des gens comme Kito qui ont beaucoup d’expérience.

Kito : 2 univers complètement différents. Il y a des avantages en solo et en double. La Transat Jacques Vabre se court en double et on va la faire en double jusqu’au bout !

Avantages et inconvénients de s’entrainer seuls en Méditerranée ?
Yannick :
On ne sait pas à quelle vitesse on va par rapport aux autres bateaux. Mais c’est Hawaï ! Il fait beau, il y a du vent et les sudistes sont sympas ! 

Kito : On a la chance d’avoir de belles conditions, du vent, sans doute plus qu’en Atlantique contrairement à ce que les gens pensent. On a des conditions très variées, énergiques, avec du mistral une fois par semaine. Et puis c’est pratique de pouvoir rentrer et sortir du port quand on veut sans problème de marée et d’écluse ! L’inconvénient majeur c’est qu’on n’est pas en contact avec nos concurrents. On est champion du monde de la baie d’Aigues Mortes avec Bastide Otio, on a beau s’entrainer, on manque de confrontation. Ceci dit, nos amis bretons sont les bienvenus ! Ils peuvent venir s’entrainer chez nous quand ils veulent.

Quelque chose t’a surpris en apprenant à naviguer avec lui ?
Yannick :
On a des façons de manœuvrer un peu différentes notamment pour les envois de spi…

Kito : Sa façon d’envoyer et d’affaler le spi

Quelque chose t’énerve chez lui ?
Yannick :
Il est souvent sûr d’avoir raison quand même… notamment pour la chaussette à spi !

Kito : Quand il cherche du réseau sur son téléphone en mer.

Qui est le plus têtu ?
Yannick :
Kito sans aucun doute !

Kito : Les deux. Ça fait partie des qualités et défauts qu’il faut avoir dans la voile. Je suis têtu mais j’écoute. J’ai des opinions qui en général sont bien ancrées. L’avantage du double, c’est qu’on doit se remettre en question quand on propose quelque chose. Il faut argumenter pour qu’une proposition devienne une chose évidente. Ce n’est pas toujours facile pour des gens qui viennent du solo qui sont des caractériels ! Il y a de petits efforts à faire pour que ça se passe bien.

Qui râle le plus ?
Yannick :
On est deux râleurs mais ça se passe bien à bord, il suffit juste de le savoir.

Kito : On ne râle pas forcément extérieurement mais intérieurement. Quand on fait de la voile à haut niveau on cherche la perfection qui malheureusement n’est pas de ce monde. On fait du mieux qu’on peut avec ce qu’on a, le temps qui joue contre nous et les aléas. Et il y a beaucoup de contrariétés donc on râle.

Qui laisse trainer ses chaussettes sales ?
Yannick :
moi pas mal… mais Kito aussi un peu je crois (rires)

Kito : je crois qu’on est tous les deux assez mauvais élèves mais j’aurais tendance à dire Yannick qui est assez bordélique mais je le suis aussi donc…

Quelles bottes puent le plus ?
Yannick :
Je n’ai pas mis le nez dans celles de Kito je ne peux pas te dire mais les miennes ne sentent pas bon, ça c’est sûr !

Kito : Ouuuuu… je crois qu’on se vaut aussi. L’arrivée à Salvador va être terrible !

Qui est le plus bavard ?
Yannick :
Pas Kito (rires)

Kito : Aucun des deux

Qui est le plus superstitieux ?
Yannick :
Kito je crois qu’il est superstitieux en vrai non ? Je vais essayer de ramener un lapin à bord pour voir… Mais moi aussi en fait… J’éviterais ce genre de bêtise !

Kito : Surement pas moi !

Qui est le meilleur en météo ?
Yannick :
 C’est le fichier !

Kito : Les deux.

Qui est le plus fêtard ?
Yannick :
Kito a de la bouteille mais on n’a pas encore beaucoup fait la fête ensemble.

Kito : On vous dira ça à l’arrivée à Salvador.

Qui est le plus colérique ?
Yannick :
Ni l’un ni l’autre n’est colérique.

Kito : Je ne le suis pas et lui non plus, je ne pense pas.

Le gros mot qu’il dit le plus ?
Yannick :
Il ne dit pas de gros mots Kito… moi oui mais c’est la ponctuation dans le Sud-Ouest !

Qui est le plus sérieux ?
Yannick :
Kito

Kito : Nous le sommes tous les deux. On donne peut-être l’impression d’être des gens cool mais on est très sérieux tous les deux.

Qui est le plus organisé ?
Yannick :
Toujours Kito

Kito : Tout dépend de quelle organisation on parle !

Qui mange le plus ?
Yannick :
 Moi !

Kito : Je pensais qu’il allait manger plus que moi mais en fait il est juste accro au chocolat !

Qui dort le plus ?
Yannick :
 Moi… j’ai du mal à me réveiller parfois… C’est ce que dit Kito ! (rires)

Kito : Yannick ne dort pas beaucoup la journée… je dors plus souvent mais je dors moins profondément. Pour le réveiller le matin ce n’est pas simple !

Où et comment tu te vois dans 5 ans ? 10 ans ?
Yannick :
 Ça sera l’après Vendée Globe. J’espère que je serais arrivé à faire un tour. Dans 10 ans, sur un bon bateau de croisière en Polynésie ça c’est sûr !

Kito : J’ai toujours vécu au jour le jour avec des projets assez éphémères donc c’est difficile de programmer. Il y a des projets que j’aimerais bien voir naitre bientôt… Je suis dans une phase où je me pose plein de questions, j’arrive sur la fin de ma carrière sportive. Ce qui est sûr c’est que j’aimerais être sur un bateau pour continuer à sillonner la planète à la voile.

Où et comment tu le vois dans 5 ans ? 10 ans ?
Yannick :
Sur un bon bateau de croisière mais aux Antilles

Kito : Il a plus de 10 ans de moins que moi. Il va encore se passer plein de choses pour lui. Il faut qu’il trouve un partenaire pour faire le Vendée Globe 2020. Une fois qu’il l’aura trouvé ça va l’engager dans plein de choses. Je le vois bien continuer à faire de la course.