Made in Midi
Les actus de Made in Midi
» A mi-course, on peut être fiers d’être là «
Septièmes de la flotte des Class40 de la Transat Jacques Vabre 2019 après avoir animé, et même mené, le début de course, Kito de Pavant et Achille Nebout restent dans le coup, à mi-parcours, malgré un manque évident d’outil pour rivaliser avec des bateaux plus rapides, plus récents. Obligés de laisser leur « Made in Midi » rouge à Port Camargue après la casse toujours inexpliquée de son mât, à un mois du départ, les deux navigateurs d’Occitanie tirent malgré tout le meilleur de leur bateau de substitution, préparé en un temps record avant le départ du Havre, le 27 octobre. Après dix jours de navigation dans des conditions musclées, c’est en pleine « brafougne » d’alizés, au portant, sous spi, après un joli départ au tas, que Kito de Pavant, joint au large des Îles du Cap Vert, fait le bilan de ce début de transat plutôt satisfaisante.
« On vient de faire un vrac, là. La mer est super forte, c’est tendu. On a hâte que ça se calme un peu »… Pas l’esprit à faire de l’humour, Kito de Pavant. Ce qui est rare. Comme quoi, ça doit bien remuer, sur « Made in Midi ». Contacté ce mercredi midi, au portant dans des alizés chauds bouillants, et surfant sur un océan proche des Îles du Cap Vert plutôt énervé, le skipper d’Occitanie faisait plutôt dans le discours efficace pour faire un bilan, à mi-parcours de cette Transat Jacques Vabre sur un Class40 de substitution. « Tout va bien sur le bateau. On n’a encore rien cassé, je touche du bois, enfin ma tête ! Et j’espère que ça va continuer comme ça. Mais les emmerdes peuvent arriver vite. On est 7es et premier bateau pointu (NDLR : la « mode » des nouveaux Class40 est d’avoir l’étrave plutôt ronde, donc plus à l’aise dans le portant). Tous les bateaux qui sont devant nous sont des bateaux de dernière génération. Donc on est plutôt satisfait même s’il y a beaucoup de frustration dans tout ça parce qu’évidemment on ne peut pas jouer avec eux ».
Peut-être pas « jouer avec eux » aujourd’hui, certes. Mais ce n’était pas le cas en début de course, avec un « Made in Midi » qui a mené le bal, et même la danse, en tête le long du Portugal. « On était vraiment surpris d’être en tête au large du Portugal, souligne Kito. Depuis le début de la course, on a bien joué, on a fait des bons coups quand c’était tactique. On s’est fait piéger à Madère par la météo qui n’a pas été conforme avec ce qui était prévu. En principe, on aurait dû arriver à Madère en même temps qu’ « Aïna » et « Leyton ». Malheureusement, la dorsale nous a fait des misères donc on a été obligé de passer sous le vent de l’archipel, et ça, on savait que ça serait compliqué. Puis le vent est rentré par devant ; donc c’est parti par devant. Et là, on perd des places. Mais bon, même avec un bateau équivalent on aurait été derrière ».
« On n’a pas les outils pour lutter, mais... »
Honnête, Kito de Pavant, de le reconnaître. Mais quand même frustré de ne pas avoir les armes pour jouer vraiment devant. « On a un déficit de vitesse qui est flagrant. Même si par moment on a l’impression qu’on peut jouer, on est un, deux, voire trois nœuds en dessous de la moyenne. On n’a pas les outils pour lutter, c’est le seul truc qu’on puisse dire ». Mais pas de quoi décourager les deux compères qui, de toute façon, n’ont pas d’autres choix que de mener au maximum leur « Made in Midi Bis », un bateau, dixit Kito, « dont on ne connaît pas encore les limites ». Surtout de la part d’un bateau qui appartient à un ancien champion olympique de saut à la perche.
« Bon, on sait qu’on a perdu la Transat Jacques Vabre le 24 septembre quand le mât est tombé. Donc globalement on est ravi d’être là. D’abord il y a du monde qui pousse. Je suis à l’intérieur du bateau et je vois tous nos partenaires qui sont là. Rien que pour eux, tous les efforts qu’on a faits pour être présent valaient le coup. Et avec l’élan de solidarité qui s’est créé autour de notre projet Made in Midi, c’est pareil. On les voit tous les jours (NDLR : les noms de tous ceux qui ont participé à la cagnotte de solidarité sont inscrits dans le cockpit). On passe du temps dehors avec eux... en essayant de se mettre un peu à l’abri parce que des abris il n’y en a pas cinquante sur ce bateau ! On peut être fier de ce qu’on a fait jusque-là. Il reste plus de 2000 milles à parcourir. Le Pot au noir à traverser, l’hémisphère sud, le passage de l’Équateur… D’ailleurs il faut que je trouve un bizutage pour Achille ! Je suis preneur d’idées ! ».
« Il peut se passer encore beaucoup de choses »
Certain que Kito n’en manquera pas, des idées, pour célébrer avec son jeune filleul le premier passage de cette ligne imaginaire, un moment si précieux pour tout navigateur. Lui qui l’a passé il y a si longtemps. Pour l’instant, c’est sur la tactique que le « vieux » loup de mer se focalise : « On va passer sous le vent de la première île du Cap-Vert. Elle n’est pas très grosse donc le dévent n’est pas très important. Je pense que « Linkt », plus à l’Est, sera obligé de se recaler et qu’on va se retrouver à la bagarre pour la 6e place. Il n’y a que ça qu’on peut jouer pour l’instant. Mais il peut se passer encore beaucoup de choses. Il faut déjà qu’on arrive en entier. Et après on fera les comptes à Salvador devant une caïpirinha ! ».
Bonne idée.